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Métsora’ – Chabbat Ha-Gadol - Commentaires extraits du livre « Véhigadta »

Nous apprenons dans notre Paracha les règles de la purification du lépreux.
Parmi ces règles, il est dit : « Sur l'ordre du Cohen, on apportera, pour l'homme à purifier, deux oiseaux vivants, purs; du bois de cèdre, de l'écarlate et de l'hysope. » (Vaykra 14-4).

Le processus de purification du lépreux inclut deux oiseaux :
On abattait l’un par la Ché’hita, et on laisser partir l’autre vers le champ.

Pourquoi deux oiseaux ?
Rachi explique : Parce que les plaies de la lèpre s’abattent sur l’homme à cause de la faute du Lachon Ha-Ra’ (médisance), qui s’accomplit par le bavardage.
C’est pourquoi, nous avons recours à des oiseaux pour sa purification, car les oiseaux « bavardent » en permanence par leur gazouillement.
Cela signifie qu’étant donné que le lépreux est châtié à cause de la faute du Lachon Ha-Ra’, et qu’il doit s’en repentir, on lui en fait l’allusion à travers les deux oiseaux, qui « bavardent » en permanence par leur gazouillement.

Mais on peut se poser la question :
Quel rapport y a-t-il entre le gazouillis des oiseaux et des propos de Lachon Ha-Ra’ ?
Les oiseaux ne profèrent pourtant aucun Lachon Ha-Ra’ !

On raconte à ce propos qu’il y avait deux Grands d’Israël, qui se préservaient de manière draconienne de prononcer la moindre parole de Lachon Ha-Ra’ :
L’un était le Gaon auteur du ‘Hafets ‘Haïm, et le second était le Gaon Admour de Gour auteur du Imré Emet.
Ces deux géants de la Torah étaient très vigilants vis-à-vis du Lachon Ha-Ra’, mais il y avait malgré tout une différence entre eux :
Le Imré Emet se restreignait autant qu’il le pouvait en paroles, et il ne répondait qu’avec quelques mots et des phrases très courtes.
Alors que le ‘Hafets ‘Haïm s’étendait dans ses paroles, en donnant des conseils et des instructions de conduite, accompagnés de paroles de Torah, mais tout en se préservant catégoriquement de la moindre parole de Lachon Ha-Ra’.

Nous comprenons que la parole en elle-même n’est pas systématiquement source de la faute du Lachon Ha-Ra’, tout dépend de ce que l’on dit.
Notre question initiale prend donc davantage de sens :
Les oiseaux qui gazouillent en permanence, le font « de manière permise », puisqu’ils ne disent pas de Lachon Ha-Ra’. Quel est donc le rapport entre eux et le médisant ??

Le Gaon Rabbi Ya’akov GALINSKY z.ts.l explique particulièrement bien la chose (« Véhigadta ») :

Dans la Guémara Sanhédrin (25b), nous apprenons que les personnes qui prêtent de l’argent avec intérêt (Ribbit) sont inaptes à témoigner (leur témoignage est irrecevable devant un Beit Din ou dans toute autre situation nécessitant des témoins selon la Halacha).
Nos maîtres débattent afin de définir comment se repentir lorsqu’on a pratiqué le prêt avec intérêt ? Comment nous prouver que cette personne se repent sincèrement de cette faute, et que nous pouvons dorénavant le considérer comme apte à témoigner ?
Nos maîtres répondent : si cet homme détruit toutes les reconnaissances de dettes qu’il possède - à travers lesquelles il devait percevoir des intérêts sur ses prêts - et qu’il s’abstient dorénavant de prêter avec intérêt même aux non-juifs, nous pouvons à ces conditions valider son repentir sur cette faute, et le considérer apte à témoigner !

Or, il est de notoriété que selon la Halacha, lorsque la Torah dit : « A l'étranger tu peux prêter à intérêt … » (Dévarim 23-21), cela signifie qu’il est une Mitsva ordonnée par la Torah de prendre des intérêts lorsqu’on prête de l’argent à un non-juif, et ce n’est que lorsqu’on prête de l’argent à un juif qu’il est interdit de percevoir des intérêts sur ce prêt.
Alors pourquoi cet homme qui se repent pour avoir prêté avec intérêt, doit-il s’engager aussi à ne pas prêter avec intérêt même aux non-juifs ?? Il est pourtant permis de le faire !

Rachi explique cela avec seulement quelques mots :
Afin que le mot « Ribbit » (intérêt) soit oublié de leur bouche, afin qu’ils ne reviennent pas à leur comportement détestable.
Cela signifie que lorsqu’un homme a été habitué à l’interdit du prêt avec intérêt, lorsqu’il désire se repentir, il se doit de choisir l’autre extrême !
Même dans les cas où il est permis de prêter de l’argent avec intérêt, il doit s’engager à ne pas le faire, afin de s’extraire et de s’éloigner au maximum de cet interdit !

Similairement, le Ba’al Chem Tov dit qu’un homme qui se repent sur l’interdit du mensonge, se doit de s’abstenir de mentir même dans des situations où il est permis de le faire - comme dans un cas où l’on doit préserver le Chalom, où il est permis de mentir – une telle personne doit s’abstenir totalement de mentir.

Dans ce même esprit, nous pouvons dire que la parole abondante n’est pas en elle-même un interdit, car si l’on est vigilant vis-à-vis de ce que l’on sort de la bouche, on peut parler et on ne trébuchera pas non plus.
Mais une personne qui a été considérablement habitué à dire du Lachon Ha-Ra’, au point de subir un châtiment et devenir lépreux, une telle personne se doit de s’abstenir totalement de parler abondamment, et ne doit parler que de choses indispensables et vitales.

C’est pourquoi, le lépreux prend deux oiseaux pour sa purification, afin de lui faire comprendre qu’il doit dorénavant s’éloigner même de paroles autorisées - comparables au gazouillis des oiseaux - pour ne plus en arriver à commettre la faute du Lachon Ha-Ra’ ! 

Dans le même ordre d’idée, il arrive que des gens s’attablent pour consommer des apéritifs alcoolisés, mais que l’un d’entre eux s’abstient de boire le moindre verre d’alcool. Pourquoi ?
Parce que cet homme avait - dans son passé – une addiction à l’alcool, et c’est au prix de grands efforts qu’il réussit à se sevrer de cette terrible habitude.
A présent, il sait que s’il boit de nouveau - ne serait-ce qu’une toute petite quantité – son addiction se réveillera dans toute sa puissance !
Il en est de même pour la distance que doit prendre un homme vis-à-vis des fautes auxquelles il a été habitué dans son passé !

Chabbat Chalom !